© Photo série Downtown Abbey
C’est une longue histoire, qui s’étale sur quatre générations.
Si vous n’avez pas l’envie ou le temps de poursuivre, allez directement à mes secrets pour perfectionner votre organisation et vos savoir-faire* en matière de tâches domestiques.
Sinon, voici la suite :
En 1862 naissait Elsie Hughes, dont vous avez probablement entendu parler, puisqu’il s’agit de la légendaire intendante de Downtown Abbey. Elle dévoua toute sa vie à s’occuper de la propriété de la famille Crawley et n’eut pas l’occasion de fonder elle-même une famille. Ce n’est que sur le tard qu’elle épousa Charles Carlson, lui-même majordome du domaine depuis des dizaines d’années.
Je tiens de ma grand-mère la suite de l’histoire.
Les carnets de Marguerite
Désormais à la retraite, et regrettant tous deux de ne pas avoir eu d’enfants, Elsie et Charles furent ravis lorsqu’une nièce de Mrs Crawley s’enticha d’eux et vint leur rendre régulièrement visite dans la maison qu’ils occupaient toujours sur le domaine.
Agée de quatorze ans, Marguerite était née en France. Sa mère, la soeur de Mrs Crawley, avait en effet épousé un français. A la mort prématurée de celui-ci, elle revint vivre en Angleterre avec sa fille, emménageant à Downtown Abbey.
Intelligente et vive, Marguerite était d’une curiosité insatiable et prenait beaucoup de plaisir à apprendre des anciens.
Le soir, au coin du feu, Elsie et Charles lui racontaient leurs vies de domestiques, l’histoire mouvementée de Downton Abbey et de la famille Crawley. Mais ce qu’elle préférait, c’est lorsqu’ils lui enseignaient ce que savent un majordome et une intendante. Comment tenir une maison et garantir une propreté impeccable, comment avoir un linge d’une blancheur immaculée et une vaisselle étincelante, comment dresser une table dans les règles de l’art, et comment recevoir, comme on savait si bien le faire à Downtown Abbey.
Marguerite consignait chacune de leurs pratiques et les moindres secrets qu’ils lui dévoilaient sur de petits calepins de cuir noir, cadeaux de Mrs Crawley pour son quinzième anniversaire. Elle y notait également les précieux conseils que lui prodiguait Mrs Patmore, la cuisinière, à laquelle elle rendait régulièrement visite – en cachette – dans les cuisines du domaine.
De précieux secrets transmis de génération en génération
De Marguerite à Jeanne
Lorsqu’elle eut dix-huit ans, Marguerite repartit avec sa mère vivre à Paris, au grand désespoir de Charles et Elsie. Marguerite avait été admise à la Faculté des lettres de la Sorbonne où elle fit de brillantes études littéraires. Elle n’en oublia pas moins les deux anciens domestiques, à qui elle écrivit régulièrement jusqu’à la fin de leur vie.
En 1920, elle donna naissance à ma grand-mère, Jeanne. Lorsque Jeanne eut atteint sa majorité, à vingt-et-un ans, elle lui remit les dix petits calepins de cuir noir sur lesquels elle avait consigné les secrets de Charles et Elsie. Jeanne les lut avec avidité et devint une maîtresse de maison exemplaire, même s’il faut reconnaitre que les choses étaient relativement faciles pour elle puisque, faisant partie de la bourgeoisie, elle disposait de personnel, une bonne et une cuisinière la déchargeant de nombre de tâches domestiques.
De Jeanne à Hélène
Jeanne donna naissance en 1947 à Hélène, ma mère. Comme sa mère l’avait fait pour elle autrefois, elle transmit les carnets de Marguerite à Hélène à l’occasion de ses vingt-et-un ans.
Hélène les parcourut, mais leur contenu ne l’intéressa pas autant que cela avait été le cas pour sa mère. L’année 68 avait marqué un tournant important dans la société. Les femmes s’émancipaient, travaillaient -pour celles qui le voulaient, on attendait moins de leur part qu’elles soient des maîtresses de maison parfaites. Et son mari Pierre, par chance, aimait faire la cuisine, ce qui la déchargeait de cette tâche.
Ma mère conserva cependant précieusement les carnets, pour pouvoir les transmettre aux enfants qu’elle aurait, elle l’espérait en tout cas, avec Pierre.
Et de ma mère à moi
Je suis née après le premier choc pétrolier, ma sœur m’a suivie de quelques années. Le jour de mes dix-huit ans – puisque l’âge de la majorité avait été abaissé de trois ans en 1974 – ma mère m’a confié les carnet de Marguerite, que cette dernière avait elle-même transmis à sa fille Jeanne, qui les avait elle-même remis à sa fille Hélène. Etant l’ainée, j’eu la chance d’avoir les originaux. Quatre ans après, ma soeur n’en eut qu’une simple photocopie.
Maintenant que vous savez cela…
… si vous êtes curieux de savoir ce que j’ai fait des carnets de Marguerite, voici la suite de l’histoire
… si vous souhaitez rentrer dans le vif du sujet, je vous invite à découvrir tous les secrets que je tiens de Marguerite
* Savez-vous que j’aurais pu écrire « vos savoir-faire » sans « s » à « savoir-faire » alors qu’il y en a plusieurs (« vos »).
En effet « quand un mot composé est formé de deux verbes (ici le verbe savoir et le verbe faire), on n’accorde jamais. » (source : L’Obs La conjugaison)